On me demande parfois, mais pas si souvent que ça à vrai dire, ce que c'est, un "psychopédagogue" par rapport à un psychologue. De nos jours, est-ce que ce terme signifie d'ailleurs encore quelque chose puisque les études relatives à ce métier s'intitulent dorénavant "master en sciences de l'éducation" et que le contenu de ce master peut varier très fort d'un cursus à l'autre? Le choix des cours est très varié : de la didactique des mathématiques, à la médiation, l'apprentissage des adultes, la dynamique de groupe ou encore la dyslexie ;-) Une chose est certaine, c'est que ce master s'inscrit dans le cadre des sciences humaines étudiant ainsi une série d'aspects relatifs à la complexité des êtres humains. Pédagogue de cœur et didacticienne dans l'âme, ne me connaissant pas encore tout à fait (on n'a jamais fini, notez bien …), c'est avec grande surprise que mon choix, lors de mon passage en master s'est tourné vers les cours les plus psy de la liste... Les contenus m'attiraient bien davantage que les cours de pédagogie, méthodologie et les réflexions liées aux systèmes éducatifs. Le fonctionnement des relations, l'escalade des conflits, la construction des fausses croyances, des rôles que nous endossons en société, la posture en entretien... Une vraie révélation pour moi et le point départ d'une série d'apprentissages qui ont façonné en partie qui je suis aujourd'hui professionnellement et pas que, d'ailleurs!
Mais revenons en terme "psychopédagogue". Selon l'Académie Française, "pédagogie" mot du "xve siècle. Emprunté du grec paidagôgia, « direction, éducation des enfants », dérivé de paidagôgos, « pédagogue », lui-même composé à l’aide de pais, paidos, « enfant », et agein, « conduire ». Le psychopédagogue est donc celui qui applique des principes psychologiques pour "conduire, mener" les enfants... Pour les adultes, on parle maintenant d'andragogie. La notion d'apprentissage, d'éducation y est donc essentielle... Alors pourquoi ce détour linguistique? On s'en fout, vous me direz... Eh bien non...
Parce que cette notion d'apprentissage m'a vraiment encombrée durant toute une période de ma vie professionnelle... Ma légitimité était très fragile au début de ma pratique de thérapeute. "Je ne suis pas psychologue, je ne suis que psychopédagogue... Ah quelle tare!!" "Je n'appartiens pas à la commission des psychologues, mes consultants n'ont pas droit aux remboursements de la mutuelle, je n'ai pas reçu de cours de psychologie clinique"... Et patati et patata... Aaaaah , les croyances limitantes...
Et oui, parce que... Je suis pédagogue! Oui, c'est ma marque de fabrique et enfin, je me sens maintenant très bien avec ça. Pourquoi ça?
Parce que, loin de penser que les psychologues ne sont pas pédagogues (d'ailleurs, est-ce bien leur rôle? Je ne le pense pas forcément et le débat ne m'appartient pas...), dans ma pratique, l'apprentissage reste une notion essentielle. Je ne le savais pas, c'est l'expérience de cette pratique, les rencontres et les retours de mes clients, consultants... qui m'ont appris à cerner cette particularité. J'aime rendre autonome. J'aime offrir des outils, des ressources dont les patients peuvent s'emparer comme des acteurs de leur chemin. J'aime apprendre à apprendre ce qui est mieux pour soi. J'aime expliquer, enseigner, montrer, apprendre à explorer. J'écoute, oui, c'est essentiel, mais pas que...
Dans le cheminement personnel, plusieurs apprentissages sont à mon sens essentiels. Sans être exhaustive, apprendre à se détendre, à respirer, à se décentrer, à s'observer, à s'accepter, à repérer ses propres schémas, connaitre ses valeurs, ses besoins profonds... Tout cela appartient à celui qui entame la démarche de faire le chemin; mais un peu de pédagogie peut faire partie d'une évolution positive.
En thérapie de couple ou en médiation, les apprentissages sont en partie semblables mais spécifiques aussi : chercher des solutions viables, mieux se parler, mieux se comprendre, se mettre à la place de l'autre, prendre conscience de la manière dont on communique ou pas, analyser les enjeux de son couple, prendre de la hauteur, saisir les différences entre deux êtres, cela S'APPREND :-)
Et moi, dans l'équation, si je peux être cette pédagogue qui aide à faire une partie du chemin, alors, tout simplement, mon cœur est joyeux et vibre... L'intuition est dans sa meilleure forme et moi aussi, dès lors... C'est comme si c'était naturel, dans une forme d'amour, ce même Amour, qui, comme il y a 20 ans, m'émouvait lorsque les petits yeux de mes élèves s'illuminaient quand ils avaient compris!
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